XXII Parfum exotique

Quand, les deux yeux ferme's, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se derouler des rivages heureux
Qu'e'blouissent les feux d'un soleil monotone;


Une i^le paresseuse ou` la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'oeil par sa franchise e'tonne.


Guide' par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de ma^ts
Encor tout fatigue's par la vague marine,


Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se me^le dans mon a^me au chant des mariniers.

(Les Fleurs du mal [e'd. de 1861])

retour